La mineuse de l'épi est l'insecte ravageur le plus important du mil à chandelle au Sahel. Ces papillons déposent leurs œufs sur les parties supérieurs des épis de mil et les chenilles écloses minent les graines de l’épis de mil. Ils peuvent provoquer une perte totale de la récolte mais le plus souvent les pertes sont de l'ordre de 40 à 80%. En l'absence de mesures de contrôle, la population de la mineuse de l’épis du mil s'accumule au fil du temps, entraînant une pénurie alimentaire même pendant les années de meilleures précipitations. Les plantes infestées présentent souvent des dommages en forme de spirale sur les épis. Les jeunes chenilles sont jaunâtres claires et deviennent rougeâtres en grandissant. Plus tard, la chenille tombe sur le sol et s'enfouit dans le sol pour se transformer en chrysalide d’où émerge ensuite l’adulte. Les cultures semées tôt ou les variétés à maturation précoces sont plus sujettes à une infestation sévère. La chenille légionnaire d'automne est une espèce de papillon de nuit invasive qui se propage en Afrique subsaharienne depuis 2016. Elle s'attaque au sorgho et à d'autres cultures, consommant les feuilles et entraînant une perte de rendement de 50% ou plus. Les papillons adultes peuvent voler sur de grandes distances. Les ennemis naturels offre une protection durable contre les ravageurs qui ne présente pas de danger pour la sécurité alimentaire et l'environnement.
Les stratégies de lutte biologique contre la mineuse du mil et la chenille légionnaire d'automne sont basées sur des mécanismes naturels. Elles font appel à des ennemis et des prédateurs indigènes du ravageur et les relâchent dans le champ pour prévenir les épidémies et les dommages graves aux cultures. Le principe est de maintenir une population active d'organismes prédateurs et parasites bénéfiques par une gestion avisée. En outre, lorsque la population d'ennemis naturels devient trop faible, elle peut être augmentée grâce à des techniques d'élevage simples et à des lâchers supplémentaires. La lutte biologique contre la mineuse du mil se fait à l'aide de la guêpe parasitoïde Habrobracon hebetor, qui attaque la chenille. Des travaux récents en Afrique montrent que la guêpe parasitoïde Telenomus remus est un organisme de biocontrôle prometteur pour prévenir les épidémies de la chenille légionnaire d'automne, car elle parasite les œufs du ravageur. L'acceptation et l'habileté des agriculteurs sont essentielles pour l'utilisation des ennemis naturels dans les systèmes de production de mil et de sorgho. Les champs écoles paysans forment les acteurs à l'identification et à la surveillance des insectes nuisibles et de leurs ennemis naturels, ainsi qu'aux techniques d'élevage et de lâchers des parasitoïdes. Les techniques de lutte biologique peuvent facilement être combinées avec d'autres pratiques de lutte intégrée contre les ravageurs.
Les principes de stratégies de lutte biologique contre la mineuse du mil et la chenille légionnaire d'automne sont applicables dans toutes les zones de culture du mil et du sorgho de l'Afrique subsaharienne, allant des climats semi-arides (secs) aux climats subhumides. Les lâchers supplémentaires doivent cependant s'aligner sur les caractéristiques physiologiques des ennemis naturels et les communautés indigènes d'organismes bénéfiques. Des lâchers massifs de guêpes parasitoïdes sont actuellement utilisés pour lutter contre la mineuse du mil au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Dans les régions semi-arides, les populations de guêpes parasitoïdes peuvent tomber à un niveau critiquement bas pendant la saison sèche en raison d'une pénurie d'hôtes et bénéficier d'un lâcher chaque année. Une autre limite de la technologie de biocontrôle est son incompatibilité avec la pulvérisation de pesticides. C'est particulièrement le cas lorsque les produits chimiques sont appliqués tôt dans la saison, car ils ont un effet négatif sur les agents de biocontrôle.
Les lâchers d'organismes bénéfiques peuvent être effectués de deux manières: par « inoculation », où un nombre limité d'organismes est introduit et où les populations se développent au fil du temps, ou par « inondation », où l'on procède à un élevage de masse et où de grandes quantités sont dispersées. La technique par inoculation convient à une intervention à long terme, tandis que la technique par inondation entraîne immédiatement la suppression des parasites. La reproduction et la survie des prédateurs et ennemis naturels peuvent être améliorées en fournissant des hôtes alternatifs ou des sites de nidification et d'alimentation favorables.
La mise en œuvre de la lutte biologique commence lorsque les seuils critiques de populations nuisibles et bénéfiques sont dépassés. La surveillance peut être effectuée avec des outils simples tels que des pièges et des loupes, ou avec des caméras avancées à haute résolution montées sur des drones qui permettent une surveillance rapide de grandes zones. L'élevage en masse de H. hebetor ou T. remus est possible en laboratoire ou à la ferme grâce à une technique simple et peu coûteuse. Il s'agit d'un sac de jute de 10 cm de long et 7 cm de large qui est rempli de 50g de grains de mil, de 30g de farine de grains de mil, de 25 larves de la mite ou teigne du riz et de deux femelles accouplées de la guêpe parasitoïde. Il faut environ 8 jours aux agents de biocontrôle pour atteindre le stade adulte, et en moyenne 70 parasitoïdes sont produits à partir d'un sac de jute en 10 jours. Pour le lâcher, trois sacs de jute contenant les parasitoïdes sont placés dans le champ, un sac au milieu et les autres aux deux extrémités, au début du stade d'épiaison du millet. L'élevage de T. remus se fait en collectant des feuilles de sorgho infestées par des œufs de légionnaires d'automne et en les exposant à une guêpe femelle accouplée dans des flacons en plastique pendant 2 jours en utilisant un ratio de 20 œufs pour 1 guêpe. Une femelle de T. remus reçoit des masses d'œufs frais tous les 2 jours, produisant 200 adultes. Le lâcher dans les fermes est effectué du côté du champ exposé au vent.
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