La diminution de la productivité des pâturages naturels et des parcours dans les zones arides d'Afrique, due au surpâturage, à la dégradation des sols et au changement climatique, associée à l'augmentation du nombre de têtes de bétail, accroît l'importance des résidus de culture utilisés comme aliments pour animaux. Les variétés traditionnelles de mil et de sorgho ne sont pas en mesure de satisfaire à la fois la demande de nourriture et d'aliments pour animaux car elles n'ont pas un rapport favorable entre le grain et le fourrage. Les variétés couramment cultivées ont également une teneur en lignine plus élevée, ce qui réduit leur digestibilité, tandis que certaines contiennent également suffisamment de tanin pour leur donner un goût amer. De nouvelles variétés de mil et de sorgho à haut rendement et à « double usage », présentant un rapport idéal entre les grains et le fourage pour l'alimentation humaine et animale, sont désormais disponibles. Ces cultivars améliorés contiennent moins de lignine et de tanin, et restent verts jusqu'à la récolte des grains, ce qui permet aux agriculteurs d'obtenir une plus grande quantité et qualité de fourrage pendant la saison sèche. Les nouvelles variétés de mil et de sorgho permettent une intégration plus accrue de la production agricole et de l'élevage, car l'amélioration de la disponibilité du fourrage augmente la disponibilité du fumier à utiliser dans la gestion de la fertilité des sols.
Les variétés à double usage produisent environ 40% de grains et 60% de fourage sur la base de la matière sèche. Les variétés de sorgho atteignent des rendements de 2,5 à 4,0 tonnes à l’hectare pour les grains et de 10 à 15 tonnes à l’hectare pour les cannes. Pour les variétés de mil, la productivité se situe entre 2,0 et 2,5 tonnes à l’hectare pour les grains et entre 4,0 et 6,0 tonnes à l’hectare pour le fourage. Les nouveaux cultivars possèdent des caractéristiques qui leur permettent de survivre aux périodes de sécheresse et de reprendre rapidement leur croissance lorsque l'humidité revient. En outre, les lignées de sorgho tolèrent mieux la sécheresse et le froid que d'autres cultures fourragères comme le maïs et l'herbe de Napier. Le fourage des cultivars de sorgho à double usage est sucrée avec une concentration en sucre d'environ 15%, ce qui correspond à la valeur énergétique du maïs, et son jus peut également être extrait pour la production de sirop ou de bioéthanol. Alors que les variétés traditionnelles de mil permettent d'obtenir une plus grande production de fourrage sur la base de la matière sèche, les nouvelles variétés à double usage offrent un meilleur rendement en paille digestible et une plus grande énergie métabolisable par surface de terre. L'amélioration des grains et des pailles récoltables, de la qualité nutritionnelle et de la résistance au stress du mil et du sorgho offre aux agriculteurs une plus grande sécurité alimentaire et fourragère.
Les variétés à double usage disponibles pour les producteurs de semences conviennent à un large éventail d'agroécosystèmes africains grâce à une adaptation sélective à des conditions de culture spécifiques.
L'ICRISAT et ses partenaires de l'Institut d'Economie Rurale du Mali ont développé et enregistré plus de 15 lignées VPO et hybrides de sorgho à double usage, dont les CVS Soubatimi, Tiandougou Coura, Jiguikala, Seguifa, Peke, Fadda, Sewa, Nieleni, Grinkan Yerewolo, Sassilon et Sariasso 22. Une série de cultivars OPV et hybrides de mil à double usage est disponible, notamment MISARI 1 et 2, NAFAGNON, ICMV, ICMH, Mil de Siaka, SOSAT-C88, Toroniou C, Synthetique 00-06/03-03 et Thialack 2.
Les variétés à double usage sont développées à l'aide de techniques conventionnelles de croisement et d'hybridation et soumises à des tests rigoureux sur le terrain avant leur vulgarisation. La préparation du sol, la densité des semences, l'espacement des plants, l'application d'engrais et la gestion des cultures doivent suivre les pratiques généralement prescrites pour les zones de culture et les saisons. Il est important de noter que le fourage de sorgho doit flétrir pendant au moins 12 heures avant d'être données aux animaux afin que les cyanures d'hydrogène soient décomposés, sinon ils peuvent provoquer un empoisonnement. La paille verte ou sèche doit être hachée en morceaux de 2 cm lorsqu'elle est utilisée comme fourrage pour les vaches, les porcs et les chèvres, et doit être déchiquetée en morceaux de moins de 0,5 cm pour les volailles. Les pailles de mil et de sorgho peuvent être utilisées pour l'ensilage dans des fosses ou sous plastique pendant lequel la fermentation libère du sucre supplémentaire et décompose les facteurs antinutritionnels. En raison de la forte teneur en sucre du sorgho, il ne faut pas ajouter de mélasse à l'ensilage. Le fourrage de sorgho, que ce soit sous forme d'herbe verte ou d'ensilage, peut remplacer le maïs à quantité égale pour tous les types de bétail, et fournit jusqu'à 67% du fourrage grossier nécessaire et jusqu'à 20% du régime alimentaire total.
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