La production de blé en Afrique du Nord et ailleurs, y compris dans certaines régions d'Afrique subsaharienne, est menacée par les infestations de la mouche de Hesse (Mayetioladestructor), également appelée cécidomyie. Cet insecte nuisible s'est répandu dans de nombreuses zones importantes de grenier à blé, causant des pertes substantielles. Les dommages causés aux cultures de blé sont attribués aux larves provenant d'œufs déposés dans les sillons de la face supérieure des feuilles. Les larves ont la capacité de former des structures galliques durcies qui offrent une protection contre les ennemis naturels et autres agents de lutte. Sur les semis de blé, les larves se nourrissent de l'apex de croissance (couronne), tandis qu'à des stades de croissance ultérieurs de la culture, les larves établissent des sites d'alimentation sous la gaine de la feuille. La plantation de variétés de blé qui possèdent un mécanisme de défense naturel contre les larves de la mouche de Hesse est la méthode de lutte la plus efficace et les agriculteurs peuvent éviter de graves dommages en cultivant ces variétés résistantes. La surveillance des cultures et les messages de vulgarisation garantissent la meilleure utilisation de ces variétés.
La résistance du blé à la mouche de Hesse provient d'un trait naturel qui active une réponse de défense biochimique aux larves qui se nourrissent des feuilles et des tiges. Plus de 26 gènes de résistance ont été identifiés dans le blé qui est maintenant incorporé dans des variétés locales à haut rendement. Des techniques de sélection courantes, telles que le phénotypage et le rétrocroisement, sont utilisées dans le développement de variétés de blé qui résistent à l'attaque de la mouche de Hesse. Les marqueurs moléculaires associés aux gènes de résistance à l'insecte ravageur permettent d'accélérer la sélection, réduisant ainsi le coût et le temps de développement et de diffusion des nouvelles variétés. Les populations de mouches de Hesse peuvent surmonter la résistance du blé au fil du temps, car des variantes du ravageur émergent par mutation génétique et pression environnementale, de sorte que l'efficacité des variétés mises en circulation doit être surveillée pour éviter l'apparition du ravageur.
La dispersion de la mouche de Hesse en Afrique subsaharienne n'a pas été cartographiée en détail mais la présence de cet insecte nuisible a été confirmée dans les zones de production de blé de l'Érythrée, de l'Éthiopie, du Kenya, du Malawi, du Mali, du Mozambique, du Niger, du Nigeria, du Soudan, de la Tanzanie, de la Zambie et du Zimbabwe. Pendant les saisons des pluies dans les climats tropicaux, le risque d'infestations sévères de l'insecte ravageur est important car l'éclosion des œufs et la survie des larves sont favorisées par des températures et une humidité plus élevée. La résistance génétique aux attaques de la mouche de Hesse est une approche appropriée pour protéger les cultures de blé dans toutes les zones de culture africaines, car la technologie peut être intégrée dans des lignées d'élite ayant un potentiel de rendement élevé et des adaptations à d'autres contraintes environnementales.
Des variétés de blé résistantes à la mouche de Hesse sont disponibles au Maroc, en Égypte, en Algérie, en Syrie et en Afrique du Sud, ainsi que dans certains autres pays d'Afrique subsaharienne. Au niveau mondial, plus de 200 variétés de blé tendre et de blé dur ont été développées qui résistent aux attaques de cet insecte ravageur et qui offrent une bonne qualité de panification. Les sélectionneurs s'efforcent actuellement d'incorporer des gènes de résistance dans les cultivars de blé qui sont couramment cultivés dans les régions du grenier à blé du continent.
La multiplication des semences pour la résistance à la mouche de Hesse se passe par les mêmes procédures que pour les cultivars améliorés communes et prend 2 à 4 cycles de croissance. Dans un premier temps, des semences de base de première génération sont produites par les centres de sélection, et dans un second temps, elles sont transmises aux producteurs de semences pour la multiplication de grands volumes de semences certifiées. Les agriculteurs peuvent utiliser des techniques de terrain, telles que la méthode « epi-à-ligne », qui consiste à sélectionner les épis les plus performants et à les replanter sur une seule ligne, pour maintenir des stocks de matériel de plantation. La densité de plantation et l'apport d'engrais minéraux pour la culture des variétés de blé résistantes à la mouche de Hesse suivent les mêmes recommandations locales que les variétés non-résistantes. Les pratiques d’accompagnement comprennent le respect des calendriers de plantation, la destruction des hôtes réservoirs (ponts verts), et l'utilisation d'insecticides. La lutte contre la mouche de Hesse dans les systèmes agricoles est plus efficace lorsqu'elle est combinée avec une surveillance des ravageurs et un soutien à la vulgarisation.
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